Vestiges du patriarcat ou simple tradition ancrée dans les mœurs ? La transmission du seul nom du père à l’enfant qui vient de naître est la norme. Ces dernières années, cet acte anodin est remis en question. Aujourd'hui, le collectif "Porte mon nom" milite pour l'automatisation du double nom à la naissance.

Marine Gatineau-Dupré a décidé de faire de son expérience personnelle, un combat. Mère de deux enfants qui ne portent pas son nom, Marine se souvient s'être sentie trahie lorsque son compagnon a déclaré leur premier enfant avec uniquement son nom de famille sur l’acte d’état civil. Un geste qui peut sembler anodin, mais qui est en réalité lourd de conséquences. En effet, cela donne parfois lieu à des complexités administratives, notamment lors des voyages où il faut prouver grâce au livret de famille qu'on n'enlève pas l'enfant en question. En cas de séparation, ces difficultés peuvent être ressenties comme une humiliation quand la mère doit prouver son lien de filiation. En 2019, elle fonde alors "Porte mon nom" afin d'automatiser le double nom à la naissance de l'enfant.

 

80% des enfants portent le nom de leur père

Donner le nom du père à l’enfant qui vient de naître était une tradition quasi inébranlable jusqu'aux années 2000. Si de plus en plus d’enfants portent le nom des deux parents, la transmission du nom reste en France encore très majoritairement sous la domination du père. Selon une étude de l'Insee, en 2019, 80% des enfants portaient uniquement le nom de leur père.

Pourtant, depuis la loi du 1er janvier 2005, les parents peuvent transmettre à leur enfant soit le nom du père, soit le nom de la mère, soit les deux noms accolés dans l’ordre qui leur plaît. Les parents ont donc légalement des droits égaux, qu’ils soient mariés ou pas, à transmettre leur nom de famille.

Modifier la loi pour améliorer la place de la femme dans la société

Une situation "ancestrale" selon le collectif, qui a lancé une pétition intitulée "Je t'ai porté, porte mon nom aussi" pour faire modifier la loi à ce sujet. Soutenue par le député LaREM Patrick Vignal, cette pétition a déjà recueilli plus de 22.000 signatures.

Le député de l'Hérault plaide en faveur de l'automatisation du double nom à la naissance. "Quand on regarde autour de soi ou que l'on écoute les témoignages, on se rend compte que le nom de famille de l'enfant n'est jamais vraiment choisi par la femme et cela engendre parfois des situations dramatiques [...] L'automatisation du double nom de famille est une solution intelligente. Il contribuerait en outre à améliorer la place de la femme dans la société", a-t-il détaillé au Parisien.

Le ministre de la Justice, Éric Dupont-Moretti - qui porte le nom de son père accolé à celui de sa mère - a affirmé qu'il était encore trop tôt pour prendre position.

Les Éclaireuses

 

 

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