La Gambie veut dépénaliser l'excision, alors que le monde entier lutte pour les droits des femmes

Alice Legrand 25 mars 2024

Interdites il y a bientôt 10 ans dans le pays, les mutilations génitales féminines et plus précisément l'excision sont en passe de redevenir légales dans le pays. Ce (grand) pas en arrière est un drame pour les droits des femmes.

Dans le monde, ce sont des millions de filles qui ont subi l'excision. Et les chiffres du dernier rapport de l’Unicef sont alarmants : en Afrique, on comptabilise 144 millions de survivantes de mutilations génitales féminines. En Asie, elles sont 80 millions, et au Moyent-Orient, 6 millions.

Ce même rapport indique que depuis 2016, les mutilations génitales féminines (MGF) ont augmenté de 15%. C'est énorme ! En France aussi les femmes sont touchées : 125 000 personnes seraient concernées.

La lutte est intense dans de nombreux pays. Si en Gambie, les mutilations génitales féminines avaient été interdites en 2015 par l’ancien dictateur Yahyah Jammeh, cette interdiction n'est appliquée que depuis 1 an... Et les MGF sont en passe de redevenir légales suite à un vote favorable de la part des députés de ce petit pays d'Afrique de l'Ouest.

Qu'est-ce que l'excision ? Comment se passe la circoncision chez la femme ?

L'excision est une pratique barbare qui consiste en l'ablation partielle ou totale des organes génitaux externes féminins, soit le clitoris et les petites lèvres, souvent réalisée sans anesthésie et dans des conditions non stériles. C'est donc très dangereux pour la santé, mais également très douloureux et très néfaste au niveau psychologique.

La raison principale de cette circoncision féminine est basée sur le fait qu'un clitoris ne sert pas à enfanter, il sert à ressentir du plaisir : c'est donc inutile aux yeux de ces hommes dirigeants. Ces derniers voient aussi une façon de rendre "plus propres" les femmes.

Cette opération peut entraîner de graves complications physiques et des dommages irréversibles, telles que des infections, des douleurs, des problèmes urinaires, des difficultés pendant les rapports sexuels, des complications pendant la grossesse et l'accouchement, ainsi que des conséquences psychologiques et émotionnelles à long terme.

Quels sont les pays où l'on pratique l'excision ? Quels sont les pays où c'est une interdiction ?

Considérée comme une violation des droits humains, l'excision est reconnue internationalement comme une forme de violence à l'égard des femmes et du corps des filles. Elle est généralement effectuée dans le cadre de traditions culturelles, religieuses ou sociales dans certaines régions du monde, principalement en Afrique, au Moyen-Orient et en Asie.

Si depuis les années 80-90, elle est interdite dans la majorité des pays du monde, certains continuent de la pratiquer, comme la Somalie, la Guinée, l'Égypte, l'Éthiopie ou encore l'Indonésie. En Gambie, au Mali ou au Soudan notamment, elle continue d'être pratiquée illégalement.

La Gambie, premier pays au monde à revenir sur la loi qui interdit l'excision ?

Des années de progrès réduites à néant. Cette proposition de loi pour dépénaliser l'excision a été proposée devant le Parlement gambien, et c'est un terrible retour en arrière. Selon le rapporteur de ce projet de loi, le but est de "préserver la pureté religieuse et les valeurs culturelles de la Gambie". Les 47 députés présents étaient, évidemment, que des hommes, et sans surprise, 42 ont voté POUR.

La prochaine étape, c'est l'examen de la loi par une Commission parlementaire qui a trois mois pour rendre son verdict avant le vote ultime. Les associations locales qui luttent contre l'excision et pour les droits des femmes se sont mobilisées lors du vote, mais ont été interdites aux abords du Parlement. Affaire à suivre.

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