Les 5 conseils de carrière qu'on aurait aimé recevoir en tant que jeune diplômée

Clara-Douce McGrath 12 mars 2024

PowHER, c'est le compte Instagram qui aide les femmes à dégommer le plafond de verre et faire avancer leur carrière. Nous sommes allées à la rencontre de Sarah, la boss derrière ce compte, pour qu'elle nous livre ses meilleurs conseils.

Sarah Zitouni, c’est un peu la grande sœur qu’on aurait aimé avoir quand on a négocié le salaire de notre premier job. Sarah, c’est une boss qui a fait sa place dans un secteur très masculin – l’automobile – grâce à une détermination sans faille. Et la route n’a pas été sans repos : après un burn out au bout d’un an de carrière, Sarah a passé une grande partie de sa carrière à comprendre pourquoi les carrières des femmes avançaient moins vite que celles des hommes. Maintenant, elle partage ses meilleurs conseils avec PowHER ta carrière, son compte Instagram, et elle coache des jeunes femmes pour les aider à dépasser le plafond de verre qu’on ne connaît que trop bien. Dans son dernier rapport, PowHER ta carrière est allé à la rencontre de 2300 femmes pour parler carrière et les résultats sont édifiants. Rencontre avec une boss bienveillante qui n’accepte pas qu’on lui dise non sans raison. 

Pourquoi les femmes ne sont pas satisfaites au travail selon vous ? 

Selon l’étude que nous avons réalisé chez PowHER ta carrière, on trouve un élément commun à toutes les répondantes, quel que soit leur métier, leur localisation géographique ou leur âge. C’est leur insatisfaction au travail, qu’elles estiment à 7,5/10. Un deuxième élément qui revient souvent, c’est le manque de reconnaissance. Près de 35% des répondantes ne se sentent pas assez reconnues dans leur travail. Cela se traduit par un salaire qui est en dessous du marché, par exemple. On a entendu des témoignages surprenants de femmes qui disaient qu’elles savaient qu’elles étaient les moins bien payées de leurs équipes sans aucun rapport avec leur performance. 

La question du salaire illustre à la fois le manque de reconnaissance et les barrières structurelles sexistes auxquelles font face les femmes. C’est un vrai danger, qui se répercute sur tous les aspects de la vie des femmes, comme le fait qu’elles sont 40% plus pauvres que les hommes au moment de la retraite, ou le fait qu’elles soient plus vulnérables aux violences financières.  

Un autre chiffre impressionnant de ce rapport, c’est que 33% des femmes disent souffrir de stress chronique. Qu’est-ce qui explique ce chiffre selon vous ? 

Quand on les interroge sur la cause de ce stress, les répondantes nous donnent plusieurs réponses. D’abord, qu’elles ne savent pas poser de limites. Ensuite, le manque de confiance en soi joue un grand rôle, car elles se sentent constamment en situation de danger et cela génère du stress. Enfin, dans un tiers des cas, elles nous disent que ce sont elles le problème. Ce stress a un impact énorme sur la santé des femmes, car l’être humain n’est pas fait pour être en situation de stress permanent. Finalement, quand on leur demande la source du problème, elles répondent que c’est parce que le monde du travail n’est pas adapté aux femmes : il a été pensé par les hommes et pour les hommes. 

Si vous deviez donner un mythe de la vie professionnelle qu’il faudrait abandonner tout de suite, ce serait quoi ? 

Sans hésiter, le concept de méritocratie ! C’est le mythe central qui construit nos relations au travail. Finalement, ceux qui y croient sont ceux qui en sont le plus pénalisés et ceux qui ont compris que ce mythe ne fonctionnait pas qui en bénéficient. Et souvent, ce sont les femmes qui sont le plus pénalisées, car elles fournissent un travail immense sans auto-promotion. Le meilleur exemple, c’est Rihanna qui chante au Superbowl et en profite pour faire la promotion d’une de ses poudres. Si Rihanna ne peut pas se permettre de ne pas faire la promotion de son travail, vous non plus. 

Le manque de reconnaissance est un sujet qui touche toutes les femmes. Qu’est-ce que vous conseilleriez à une jeune femme pour résoudre ce problème ?

Il faut faire son auto-promotion ! C’est quelque chose auquel on n'est pas habitué, encore plus si on est une femme. Donc, on a très souvent l’impression que c’est gênant. 

Il y a des manières de faire pour que ce ne soit pas mal perçu. Il y a des tournures de phrases et des moments qui peuvent vous faciliter la tâche. Ensuite, il faut choisir son camp. On ne peut pas faire son auto-promo et être appréciée de tout le monde, parce que ça va nécessairement froisser quelqu’un. Alors, il faut assumer de ne pas être aimé de tout le monde pour se mettre en avant et faire la promotion de son travail, plutôt que de laisser quelqu’un se l’approprier. Je remarque aussi chez les femmes que j’accompagne, qu’en se mettant en avant, elles trouvent un réseau de soutien, une tribu, au sein de leurs entreprises. 

Une action très facile à mettre en place pour commencer tout de suite à promouvoir son travail, c’est de parler à chaque réunion. Il ne faut pas imaginer que vous n’avez pas d’idées, vous êtes légitimes dans votre job. Donc, il faut parler ! Pour que vos idées soient visibles et qu’on sache que ce sont les vôtres, il faut les présenter. C’est dur de parler la première fois, mais une fois qu’on a pris le pli, qu’on s’est habituées à notre propre voix, ça devient un réflexe. 

L’équilibre entre vie pro et vie perso est un enjeu majeur pour les jeunes femmes dans votre étude. Quel conseil donneriez-vous à une femme qui n’est pas satisfaite de cet équilibre dans son job actuel ? 

Je ne le dirais jamais assez : comptez vos heures. Le fait de travailler au-delà de ses horaires de boulot est devenu une norme, en particulier en France. Mais, on est payées pour 39h par semaine, qu’on soit cadre ou employée. C’est comme ça qu’est construit le droit du travail. Donc les heures qu’on travaille au-delà, c’est du bénévolat pour votre entreprise. On a peur de ne pas travailler assez et de passer pour une flemmarde. Mais c’est contre-productif

Travailler plus ne va pas vous aider à obtenir une promotion. C’est un mythe similaire à celui de la méritocratie : le marché du travail est construit sur l’idée qu’il faut travailler plus que les heures prévues dans un contrat de travail, et les femmes ont encore plus tendance à s’y plier. Mais on a tous déjà des boss tire-au-flanc : c’est le meilleur exemple du fait qu’il ne suffit pas de travailler beaucoup pour avoir une promotion. Au contraire, en général, ça bloque l’avancement de carrière. Alors pourquoi les femmes travaillent beaucoup ? Dans l’espoir d’avoir une promotion et pour compenser sur les poids morts de l’équipe. Or, ces poids morts sont ceux qui ont le temps de faire de la politique interne, de mettre en avant leurs projets et qui finissent par obtenir une promotion ou une augmentation. 

Quel conseil donneriez-vous à une jeune diplômée qui cherche ou qui commence son premier emploi ?

Toutes les expériences comptent ! Je vois souvent des jeunes femmes qui s’auto-censurent pour postuler pour des emplois parce qu’elles estiment qu’elles n’ont pas assez d’expérience. Et la réalité, c’est que les jeunes hommes se posent beaucoup moins la question. Tout ce que vous avez fait jusqu’à maintenant, que ce soit un mémoire, un projet de groupe, du bénévolat dans une association, des stages ou de l’alternance, toutes ces expériences vont intéresser l’entreprise qui vous recrute, donc mettez-les en avant !  

Les 5 conseils carrière de Sarah pour une étudiante qui commence son premier job

Faire soi-même la promotion de son travail et ne pas attendre sans rien dire la reconnaissance de ses boss.

Prendre la parole en réunion pour mettre en avant vos idées et vos contributions aux projets d’équipe.

Faire une liste de vos accomplissements : c’est difficile de faire la promotion de ses réussites si on ne les comptabilise pas.

Blinder son CV de toutes ses expériences, même en dehors des expériences professionnelles.

Abandonner l’idée que “s’acharner va payer” : pas besoin de travailler plus que plus pour avoir une promotion, mais plutôt de mettre en avant son travail. 


Et si vous vous sentez seule, aller jeter un coup d’œil au rapport de PowHER ta carrière sur le rapport des femmes au travail !

Retrouver plus d'articles sur la vie pro dans notre rubrique C'est qui la Boss ?

 

Tags : C'est qui la Boss

Clara-Douce McGrath
Head of content C'est qui la Boss ?

Vous aimerez aussi