Un vêtement. Un moment. Un âge... Plusieurs façons de se l'approprier.
18 heures, vendredi soir. Jeanne range dans un coin de sa tête son boulot pour filer à l'apéro. Au placard son côté strict, carré : elle est d’humeur à tout envoyer balader. Elle enfile son Tee-Shirt Valentine et son jean Marie, et part rejoindre ses amis. 21 heures. Jeanne est conviée à un dîner... Et par n'importe lequel. Ce soir, elle rencontre ses beaux-parents. Et pour l'occasion, elle veut s'habiller de ses plus beaux vêtements. Chemise Léopoldine boutonnée, robe Heloïse nouée. La voilà partie, confiante, sûre d'elle, et parfaitement apprêtée.
8 heures, samedi matin. Changement de décor. Aujourd'hui, Jeanne prend le prochain train pour aller voir sa famille dans le Sud de la France. Elle attrape son plus beau costume de velours - sa veste et son pantalon de costume Ana -, des baskets et file, en toute élégance. Un peu plus de trois heures plus tard, elle arrive à destination. C'est fou : années après années, la simple vision de ce portail lui fait toujours ressentir le même effet, la même sensation. Chaleur, amour, réconfort... Tiens, voilà sa mère, Aurore.
À peine a-t-elle posé ses pieds sur le palier qu'une question lui est directement adressée. Non pas "Tu vas bien ?" mais "Personnellement, je l'aurai porté avec des talons mais où as-tu acheté ce somptueux tailleur ?"... Elle annonce la couleur. Parole coupée par sa grand-mère, Isabelle : "Des talons ? Prête-le moi et je te montrerai qu'il n'y a rien de plus classe que des mocassins !" en tenant son visage entre ses mains. L'art et le plaisir de se contredire. De mère en fille, jamais la même opinion. Ah... Jeanne reconnaît bien sa maison.
Ces différents points de vue, Gisèle, Alexandra et Camille sont fiers de les avoir fait fusionner. En janvier dernier, elles créent Anaéodette, leur marque de prêt-à-porter. Elles se lancent un défi : faire en sorte que leurs clientes se sentent bien, libres et sûres d'elles dans leurs habits. Étant elles-mêmes issues de trois générations différentes, puisant ainsi dans des inspirations d'hier et de demain, elles ne s'adressent pas à un seul et unique profil. Chaque femme, qu'importe son âge, peut adapter les pièces de la marque à son style.
Anaéodette, c'est aussi un souci de son environnement. C'est dans la plus intense transparence qu'elles aiment nous parler de leurs collaborations uniques avec des fournisseurs français et italiens. Leurs matériaux, constitués de fibres naturelles, qui font du bien. Bien loin de se cantonner uniquement à la provenance de ses produits, cet engagement suit la griffe jusqu'à son atelier. Localisé dans le sud de la France, il se veut, de son côté, socialement impliqué. Personnes en reconversion, en réinsertion, mais aussi couturiers d'ici et d'ailleurs... Tous unissent leurs forces pour l'amour de l'artisanat. Une envie et une détermination qui se voient dans le résultat.
Enfin, Anaéodette donne la vie mais sait laisser des secondes chances, aussi. Impossible de jeter leurs invendus à la poubelle... Les pièces passées, démodées deviennent d'autres modèles. Tout est recyclé et recyclable. Des habits aux packagings biodégradables et compostables.
Un mois s'est écoulé et voilà que Jeanne rend à nouveau visite à sa petite famille. Lorsque la porte d'entrée s'ouvre, elle découvre sa mère, habillée d'un magnifique ensemble en velours qui lui est familier. Porté, évidemment, avec des talons bien aiguisés. Cette apparition est doublée de celle de sa grand-mère, vêtue de la même manière... Cette fois avec des mocassins chaussés avec soins. Le style sous toutes ses déclinaisons. La mode sur plusieurs générations.
Enjoy,
Les Éclaireuses
Tags : vêtements, accessoires de mode, marques de mode, mode responsable