Zara, H&M : L’impact très inquiétant des enseignes de fast fashion sur l’environnement

Téa Antonietti 13 avril 2024

Ce 11 avril, l’ONG britannique Earthsight a sorti une étude intitulée “Crimes de mode”, dénonçant les actes dévastateurs de grandes enseignes de fast fashion, telles que Zara et H&M, en Amazonie. Exploitation du coton brésilien et défrichage illégal dans les forêts du Cerrado, après une culture saturée du soja, une nouvelle utilisation abusive de ressources naturelles met en péril la biodiversité en Amérique du Sud.

Bien que l’industrie de la mode représente bon nombre d’emplois, dus à la prospérité des grandes maisons, à l’émergence de nouveaux créateurs et à la multitude d’évènements, son impact environnemental se déploie lui aussi, mais pas pour les bonnes raisons. En parallèle d’un engouement global autour de la seconde main et autres dénichages de pièces vintage, l’industrie polluante de la fast fashion ne rétracte pas ses actions dévastatrices. 

Après un an d’enquête, l’ONG Earthsight révèle que les entreprises et les consommateurs issus d’Europe et d’Amérique du Nord sont acteurs d’une destruction massive de forêts du Cerrado en Amazonie “non pas par ce qu’ils mangent mais par ce qu’ils portent”. Parmi les responsables de cette déforestation à grande échelle, figurent en tête de file les enseignes de fast fashion Zara et H&M. Zoom sur le coton brésilien, nouvel or blanc de la fast fashion qui a déclanché une desctruction massive des forêts amazoniennes. 

H&M et Inditex au coeur du scandale

Crédits : 20 minutes Crédits : 20 minutes

Soit les deux plus grandes entreprises de fast fashion : le groupe H&M, détenant des enseignes telles que Cos et Arket et le groupe Inditex, à la direction de Zara, Pull&Bear, Massimo Dutti ou encore Bershka. Pointés du doigt par Earthsight, les deux grands noms de la fast fashion sont responsables de la destruction de milieux naturels, les forêts du Cerrado étant leurs dernières victimes en date. Accaparement des terres, déforestation et violences sur les communautés traditionnelles : au bout du fil des chaînes d’approvisionnement se trouvent les géants Zara et H&M.  

Deux grands producteurs brésiliens derrière cette déforestation massive

Zoom sur Grupo Horita et SLC Agricola, deux groupes dominants dans la production de coton qui ont radicalement changé le paysage du Cerrado pour y développer une culture agro-industrielle massive. À l’origine, le Cerrado, c’est un vaste ensemble d’écosystèmes où vivent plus de 150 espèces de mammifères, dont des jaguars, tapirs, aras bleus, tatous et fourmiliers géants. Plus encore, ce sont des populations de millions de personnes qui dépendent des forêts du Cerrado pour leurs besoins. 

Ces dernières décennies, l’exploitation massive des ressources forestières menées par les géants producteurs a métamorphosé le biome, qui a vu disparaître plus de la moitié de sa végétation. À la tête de 44 000 ha de plantations de coton - soit 60 000 terrains de football - pour SLC Agricola et 140 000 ha de terres agricoles pour Grupo Horita, les leaders de la production de coton sont la source d’approvisionnement des géants occidentaux Zara et H&M. 

La sombre réalité derrière le très convoité coton brésilien 

Crédits : Le Monde Crédits : Le Monde

Si 95% des habits en France sont importés, en matière de coton, soit le composant le plus convoité dans l’industrie textile, sa production au Brésil est sur le point de dépasser les Etats-Unis d’ici 5 ans, en premier exportateur mondial. Avec des acteurs comme Grupo Horita et SLC Agricola qui étalent la production de coton et de soja sur la région de Savane sud américaine, Le Cerrado est véritablement devenu le hotspot agro-industriel

L’impact criminel de cette exploitation à grande échelle 

Pour récolter ces tonnes de coton, on parle de lits de rivières asséchées, avec une extraction colossale de près de 2 milliards de litres d’eau par jour par les entreprises agroalimentaires. Pire encore, il en résulte un déversement de 600 millions de pesticides par an dans le Cerrado. Soit des dégâts climatiques très inquiétants, renforcés par une déforestation dont l’impact carbone génère par an autant d’émissions que 50 millions de voitures. Cette production agricole dévastatrice est aussi illégale et criminelle… 

Le Grupo Horita étale sa production de coton sur le méga domaine Estrondo, où des communautés traditionnelles (appelées geraizeiros) qui vivent en harmonie avec la nature, possèdent des plantations, effectuant leurs pratiques de pêche, chasse et culture du bétail avec respect. Après diverses pratiques d’intimidation et de harcèlement armé, en plusieurs décennies, Horita se sont approprié plus de la moitié de la superficie de l’Estrondo, désormais totalement déboisée. Un exemple d'accaparement de terres parmi tant d’autres qui dure depuis de nombreuses années, avec comme finalité une exploitation massive du coton, or blanc des géants de production brésiliens au service des enseignes de fast fashion occidentales

Des mesures de vigilance drastiques suite à des accusations de greenwashing

Crédits : Tf1 Crédits : Tf1

En mars dernier, les Etats membres du Conseil européen ont instauré aux entreprises européennes un devoir de vigilance. Soit des obligations de préservation de l’environnement et des droits humains dans leurs chaînes de production. Aujourd’hui, les groupes H&M et Inditex consomment le coton Horita et SLC Agricola par le biais de leurs fabricants asiatiques. Derrière une paire de chaussettes, une culotte ou un pantalon en coton, se cachent une déforestation illégale et un accaparement criminel de terres protégées. 

Dans l’optique de multiplier les efforts vers une consommation plus durable, Zara et H&M font appel à l’ONG Better Coton, pour contrôler l’éthique de leur approvisionnement. Sujet de lacunes de certification et de greenwashing, Better Coton ne présente pas une traçabilité transparente. Face à ses accusations révélées par l’étude Earthsight, l’ONG travaille sur de nouvelles normes et procédures, tandis que Inditex et H&M disent “prendre très au sérieux les conclusions de ce rapport”.

L’intégralité de l’étude Earthsight est à retrouver sur earthsight.org.uk

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Tags : alerte mode, mode responsable, News Société

Téa Antonietti
Rédactrice Mode & Lifestyle
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