Celle qu'on n'aurait pas dû oublier : Olympe de Gouges, la première féministe de l'histoire

Juliette Gour 13 juillet 2023

Celles que l'on n'aurait pas dû oublier, ce sont toutes les femmes qui ont été boudées par l'histoire. Celles qui sont absentes des livres et qui méritent (plus que personne) d'être mises en lumière. Aujourd'hui, on vous parle d'Olympe de Gouges, la première figure féministe de l'histoire.

Que diriez-vous de prendre le thé avec l'une des figures les plus emblématiques du féminisme ? Il se murmure même dans les salons qu'Olympe de Gouges était la première féministe de l'histoire. Née en 1748, cette dame au service du droit des femmes a marqué au fer rouge l'histoire de France. Si elle a longtemps été absente des pages des bouquins qui parlent de la Révolution, c'est surtout à cause de sa condition de femme (évidemment). L'histoire étant écrite par les vainqueurs, ils ont veillé à ne pas mentionner qu'une lady s'était immiscée dans des affaires aussi importantes.

Pourtant, elle a eu un impact et il serait dommage de le minimiser. Autrice de la Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne, elle est la première à mettre en lumière les inégalités institutionnelles qui existe entre les genres dans la société.

En bonne figure pionnière, elle a ouvert la voie à toutes les générations de féministes qui ont suivi. Sans elle, il n'y aurait peut-être pas eu de Sufragettes, Simone Veil n'aurait peut-être jamais pu légaliser l'avortement et les femmes seraient encore réduites à leur statut d'humain inférieur. 

Rendons donc à Olympe ce qui est à Olympe et faisons le tour de la vie de cette femme d'exception, qui a perdu la tête comme Marie-Antoinette.

Une femme pendant la Révolution, quel a été son rôle sur les barricades ? 

Lorsque l'on pense à la Révolution Française, on pense surtout à des figures masculines. Diderot, Robespierre, Danton... Autant de noms qui nous rappellent nos cours d'histoire de 4ème. La seule femme - tristement célèbre - de cette période, c'est Marie-Antoinette. La reine déchue dont le sort a été réglé par un coup de guillotine. Les femmes restent (comme toujours) les grandes absentes de l'histoire avec un grand H. Pourtant elles étaient aussi sur les barricades et ont activement participé à la chute de la monarchie.

Olympe de Gouges était l'une de ces invisibles qui ont activement œuvré, que ce soit de sa personne ou à l'aide de sa plume, à diffuser des idées révolutionnaires. Si elle signait ses écrits du nom de M.Gouges - pour gommer sa condition de femme - les idées ne restaient pas moins celles de Mme de Gouges, penseuse et révolutionnaire jusqu'au bout du jupon.

Une femme engagée, qui avait déjà conscience des questions de justice sociale

Si son cheval de bataille a évidemment été le droit des femmes, ses convictions ne s'arrêtaient pas là. Dans une vision globale de la société, elle s'est positionnée sur de nombreux combats, comme la question de la justice sociale, celle de l'abolition de l'esclavage (qui sera définitivement interdit en France en 1848), elle proposera même d'instaurer la gratuité de l'école ou encore la création d'un tribunal dédié au jugement des violences conjugales. Une femme résolument tournée vers le futur donc, qui a su marquer son temps par ses idées progressistes. 

Oratrice de talent, elle saura faire entendre sa voix et ne laissera jamais son statut de femme l'empêcher d'être ce qu'elle veut. N'étant pas le genre de femmes à se plier aux conventions, la provinciale venue à Paris pour changer le monde se positionnera même contre des figures centrales de la révolution et le paiera de sa vie. Elle est d'ailleurs la seconde femme, après Marie-Antoinette, à perdre la tête sur la place publique en 1793. Après une reine (et une mère), c'est donc une penseuse qu'ils ont contrainte au silence éternel. Heureusement, ces écrits nous permettent aujourd'hui de nous rendre compte de la grandeur de cette femme pas tout à fait comme les autres.

De courtisane à penseuse, il n'y a qu'un pas

Si bon nombre de figures historiques féminines semblent avoir eu, à un moment ou un autre, une activité de courtisane, ce n'est pas un hasard. Rares étaient les situations qui permettaient à une femme d'être libre à cette époque. La courtisanerie était finalement une porte vers la liberté pour les femmes : elles n'étaient pas contraintes au mariage, traitaient avec les grands de ce monde et pouvaient évoluer dans l'espace public librement, sans chaperon.

En féministe convaincue (mot anachronique pour l'époque car inexistant), Olympe de Gouges chérira sa liberté de "femme galante" et préférera la liberté au mariage religieux, qu'elle qualifiera de "tombeau de la confiance et de l'amour". Sa position de courtisane lui permettra d'ailleurs de fréquenter les meilleurs salons et lui donnera l'opportunité de s'instruire auprès des grands penseurs de l'époque. Une aubaine donc, pour une femme arrivée à Paris sans situation et sans avenir.

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"La Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne", un texte qui a à jamais marqué l'histoire du féminisme

S'il nous reste de la Révolution Français la déclaration des droits de l'Homme et du citoyen, texte central de notre République Française, la belle Olympe, lassée que les femmes soient la cinquième roue du carrosse, se penchera sur la question d'une déclaration à destination des femmes. Ce texte, calqué sur le modèle de celui établi lors des États Généraux reste, à ce jour, un des écrits majeurs de la cause féministe. 

"Les mères, les filles, les sœurs, représentantes de la nation, demandent d'être constituées en Assemblée nationale. Considérant que l'ignorance, l'oubli ou le mépris des droits de la femme, sont les seules causes des malheurs publics et de la corruption des gouvernements, ont résolu d'exposer dans une déclaration solennelle, les droits naturels inaliénables et sacrés de la femme, afin que cette déclaration, constamment présente à tous les membres du corps social, leur rappelle sans cesse leurs droits et leurs devoirs, afin que les actes du pouvoir des femmes, et ceux du pouvoir des hommes, pouvant être à chaque instant comparés avec le but de toute institution politique, en soient plus respectés, afin que les réclamations des citoyennes, fondées désormais sur des principes simples et incontestables, tournent toujours au maintien de la Constitution, des bonnes mœurs, et au bonheur de tous. En conséquence, le sexe supérieur, en beauté comme en courage, dans les souffrances maternelles, reconnaît et déclare, en présence et sous les auspices de l'Être suprême, les Droits suivants de la Femme et de la Citoyenne.

"

Difficile de trouver un texte plus dans l'air du temps que le préambule de la déclaration des droits de la femme et de la citoyenne. Si plus de 230 ans ont passé, le sujet reste (tristement) actuel. Rien d'étonnant donc à ce qu'aujourd'hui Olympes de Gouges soit considérée comme un véritable symbole, qui mériterait amplement sa place au Panthéon aux côtés de Simone, Joséphine ou encore Marie (Curie). 

 

Tags : C'est qui la Boss, féminisme, Culture

Juliette Gour
Chef de rubrique Bien-Être & Beauté
Amoureuse de la K-beauté, Juliette est également une experte en skincare, vous dévoilant les secrets des masques et des nouvelles routines beauté adoptées par vos stars préférées. Suivez cette passionnée polyglotte pour une aventure pleine de découvertes, de bien-être et de conseils avisés qui vous guideront vers une vie épanouissante et captivante. C'est grâce à sa licence en science du langage que Juliette manie comme personne les modes de pensées des différentes cultures, ce qui la pousse à voyager et à découvrir les diverses façons de penser qui enrichissent son approche du monde.

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