Les Français font de moins en moins l'amour et ce n'est pas une bonne nouvelle

Juliette Gour 06 février 2024

Alors que le gouvernement martèle sur le "réarmement démographique" une récente étude menée par l'IFOP inquiète : les Français font de moins en moins l'amour et ça ne semble pas aller en s'arrangeant.

Les Français ne font plus l'amour, c'est ce qu'une étude menée par l'IFOP pour la marque LELO révèle ce matin. Menée sur 1911 personnes, représentatives de la population française âgée de 18 ans et plus, l'étude a été menée entre le 29 décembre 2023 et le 2 janvier 2024. Depuis 2016, la proportion des Français ayant eu un rapport dans les 12 derniers mois a baissé de 15 points. De 91%, on est passé à 76%. Si les données sont encore largement au-dessus de la majorité, il est tout de même important de se demander pourquoi 15% des Français - à la louche - n'ont pas eu de rapport sexuel dans l'année écoulée. 

Si les facteurs liés à cette baisse sont polymorphes, une certaine part de la population semble plus touchée que les autres : les jeunes entre 18 et 24 ans passent leurs nuits seuls, laissant entendre un réel désintérêt croissant pour la sexualité.

Quelles peuvent être les causes de cette baisse d'activité ? 

L'étude apporte plusieurs points de réflexion sur les potentielles causes de cette baisse. Le premier est le rapport au consentement. Les Françaises acceptent beaucoup moins de se forcer qu'il y a 40 ans, donc par la force des choses il y a moins de rapports (non consentis). Pour comprendre cette statistique - qui fait un poil froid dans le dos - en 1981, 76% des femmes admettaient faire l'amour sans en avoir envie, contre 52% en 2024. 

Plus globalement, on se rend compte qu'il y a un réel désintérêt des femmes (hétérosexuelles) pour la sexualité. 62% des femmes admettent aujourd'hui accorder de l'importance au sexe (contre 82 en 1996) et 54% des femmes adultes avouent continuer à vivre avec quelqu'un dans une relation platonique. 

Si l'on recoupe cette étude avec une autre datant de 2021, on peut trouver quelques pistes de réflexion intéressantes. En 2021 donc, Gleeden nous apprenait que 71% des femmes prenaient un plaisir dingue avec un vibromasseur et ce plaisir n'était pas forcément équivalent avec leur partenaire masculin. Seules les femmes homosexuelles admettaient prendre plus de plaisir avec leur partenaire. 

Une conclusion rapide pourrait laisser entendre que la baisse d'attrait pour la chose est peut-être liée à l'absence de plaisir des femmes pendant l'acte sexuel, mais il n'y a pour le moment aucune étude qui met en lumière cette corrélation.

Les jeunes, particulièrement impactés par cette absence de rapports sexuels

C'est surtout chez les jeunes que l'on voit une réelle baisse d'intérêt pour la chose. Plus d'un quart des 18-24 ans admettent ne pas avoir eu de rapport sexuel dans les 12 derniers mois, c'est cinq fois plus qu'en 2006 et cette augmentation ne serait pas qu'une tendance Française.

Outre la valorisation grandissante de l'abstinence et de l'asexualité - qui peut éventuellement être rendue plus "glamour" par certaines tendances sur les réseaux sociaux - il y a d'autres facteurs sociétaux et technologiques qui laissent entendre que nos vies sont en train d'être profondément modifiées.

Les activités numériques, nous détourneraient des activités en duo au profit d'une soirée passée devant une série. Par exemple, 50% des hommes admettent avoir déjà évité un rapport sexuel pour regarder une série ou un film à la TV. En ce qui concerne les jeux vidéo, 53% des hommes préfèrent passer la soirée à jouer plutôt qu'à câliner leur partenaire. 

La pluralité de divertissement nous pousse donc aujourd'hui à ne plus considérer le sexe comme une activité incontournable et c'est d'autant plus valable depuis les différents confinements.

Un véritable fossé entre les représentations médiatiques et la réalité

Finalement, ce que nous montre cette étude, c'est qu'il y a une réelle différence entre les stéréotypes médiatiques et la réalité des Français. Si l'on a longtemps associé les rapports sexuels réguliers à une certaine idée de la "bonne sexualité", les choses changent petit à petit. L'aspect le plus rassurant de cette étude est peut-être celui du consentement : les femmes ont appris à dire non et elles sont de moins en moins à accepter un rapport sexuel sous la pression. C'est une petite victoire qui prouve, au passage, que la sensibilisation marche. 

Plus globalement, cette abstinence consentie traduit une certaine déconstruction des injonctions liées au corps et à l'intime

En revanche, si les choses avancent du côté des femmes, les hommes semblent toujours très influencés par l'idée qui veut que leur libido soit essentielle et plus importante que celle des femmes. 52% des hommes admettent mal vivre l'absence de rapports sexuels (contre 31% des femmes). S'il n'y a évidemment aucune étude qui prouve que les hommes ont un besoin sexuel pour important que les femmes, il est important de se demander pourquoi les hommes grandissent avec cette idée. Les constructions sociétales autour de la sexualité masculine ont un peu de mal à être déconstruites, si bien que les hommes subissent encore cette pression dans leur sexualité.

En déconstruisant les idées préconçues par le patriarcat, les hommes pourront se libérer de cette pression et auront la possibilité d'aborder les rapports sexuels plus sainement, sans toutes les obligations induites par les clichés autour de la masculinité.

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Tags : sexe, société, étude, Santé Sexuelle

Juliette Gour
Chef de rubrique Bien-Être & Beauté
Amoureuse de la K-beauté, Juliette est également une experte en skincare, vous dévoilant les secrets des masques et des nouvelles routines beauté adoptées par vos stars préférées. Suivez cette passionnée polyglotte pour une aventure pleine de découvertes, de bien-être et de conseils avisés qui vous guideront vers une vie épanouissante et captivante. C'est grâce à sa licence en science du langage que Juliette manie comme personne les modes de pensées des différentes cultures, ce qui la pousse à voyager et à découvrir les diverses façons de penser qui enrichissent son approche du monde.

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