Un pas en avant pour trois pas en arrière en ce qui concerne la lutte contre le viol. Grâce au quotidien britannique The Guardian, l'Europe a été mise au courant de ce verdict honteux en Italie : en 2009 à la fin d'un dîner bien arrosé, deux hommes cinquantenaires profitent de l’état d'ivresse avancé d'une femme pour la violer. Quelques heures plus tard, cette dernière, en état de choc, a le courage de se rendre à l’hôpital et décrit les faits de manière confuse, en partie à cause du choc mais aussi malheureusement de l'alcool. Cet élément sera fatal à l'affaire car, dès le premier procès en 2011, les juges du tribunal de Brescia s'attardent dessus pour affirmer que le témoignage de cette dernière n’est pas fiable. La victime fait appel. 

En 2017, il y a un changement de cap : le tribunal de Turin décide (miracle !) de se baser sur le rapport médical post-agression qui confirme bel et bien que le rapport sexuel n’était en aucun cas consenti et que la victime a tenté de résister à ses agresseurs. Il les condamne à une peine de trois ans d’emprisonnement. Cerise sur le gâteau, la cour avait décidé de retenir les circonstances aggravantes à l’encontre des deux hommes car leur crime avait été commis sous l’emprise de l’alcool !

Mais voilà qu'en 2018, la Cour de cassation change le verdict en déclarant que si les juges reconnaissent que les coupables ont profité de l’état de la victime pour abuser d’elle (trop généreux de leur part, non vraiment), selon eux, cette femme n’aurait pas dû boire de l’alcool. Des réactions indignées ne se sont pas faites attendre, notamment de Alessia Rotta, députée du Parti démocrate italien, qui a déclaré que "cette décision nous ramène des décennies en arrière... Elle risque d'anéantir des années de lutte". Lella Palladino, présidente du réseau italien Women Network Against Violence, s'est aussi lamentée sur le fait que "la position du tribunal est extrêmement sérieuse, car il est encore plus difficile pour une femme de dénoncer un viol». Et elles ont raison... Car au-delà de cette affaire dramatique pour cette femme, nous pouvons nous interroger, nous les femmes, sur notre liberté de vivre nos vies comme on l'entend ! Non, plus de jupe ! Plus de maquillage ! Plus d'alcool ! Tout ça, c'est terminé... L'Italie est connue pour ces jugements machistes, mais nous pouvons nous inquiéter que cette attitude misogyne traverse les frontières. À nous de lutter, les filles !

Les Éclaireuses 

  

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