En Sibérie orientale, près du cercle arctique, un réservoir de carburant s’est effondré et 20 000 tonnes d’hydrocarbures ont été déversées dans l’eau de l’Ambarnaïa. Une rivière locale qui longe la ville de Norilsk et abrite le plus gros producteur de nickel au monde, devenue très rapidement rouge sang.

Cette catastrophe écologique a immédiatement alerté les autorités russes, qui ont placé le pays en état d’urgence national afin de mobiliser des ressources pour nettoyer la rivière. En parallèle, Greenpeace appelle à un audit de toutes les installations pétrolières situées dans le cercle polaire.

Les produits toxiques se sont étalés sur près de 350 mètres carrés. Jusqu’à présent, la catastrophe environnementale la plus importante en Russie était en 2007, lorsque 5 000 tonnes de pétrole ont été déversées dans la mer noire. Si le carburant diesel est plus léger que le pétrole et peut s’évaporer plus facilement, il est aussi plus toxique à nettoyer.

Selon les organisations écologiques, cette pollution est considérée comme le pire accident écologique dû aux hydrocarbures dans la région. Depuis, les secours se démènent pour tenter de limiter les dégâts, dans un contexte rendu compliqué par les difficultés d'accès au site et la faible profondeur de la rivière, qui empêche les opérations en bateau.

De son côté, le président russe, Vladimir Poutine, est monté au créneau mercredi, décrétant un état d'urgence et pointant du doigt des responsables locaux, notamment le président de la filiale de Norilsk Nickel, qui aurait tardé à réagir. Mais celui-ci a nié toute défaillance.

Les habitants de la ville de Norilsk ont compris que leur cours d'eau mettrait sans doute des semaines, voire des mois à se remettre de cette pollution aussi soudaine que spectaculaire. Et quand les images des nappes d'hydrocarbures ont été diffusées sur les réseaux sociaux, l'antenne russe de Greenpeace a livré un diagnostic qui laisse peu de place à l'optimisme : « L'ampleur de la catastrophe est comparable à celle de l’accident du pétrolier Exxon Valdez en Alaska il y a 30 ans, nous confient les militants écologistes. C'est l'un des plus grands accidents de produits pétroliers jamais survenus dans l'Arctique. »

L’organisation World Wildlife Fund a félicité la construction de barrages flottants sur la rivière, qui ont permis d’empêcher les produits toxiques de se déverser dans un grand lac de la région. Les écologistes appellent également à mettre en place une surveillance de la qualité de l’eau afin d’éviter que la pollution ne se répande dans les réserves naturelles.

Selon Norilsk Nickel, le réservoir a été endommagé quand les piliers enfoncés dans le permafrost qui le soutenaient « depuis 30 ans » ont commencé à s'enfoncer, un accident qui pourrait être attribué à la fonte du permafrost due au changement climatique.

« Afin de ne pas répéter de telles situations impliquant des infrastructures à risque se trouvant sur des zones de pergélisol sujettes à la fonte, le procureur général de Russie, Igor Krasnov, a ordonné (...) des vérifications en profondeurs des infrastructures concernées », a indiqué le Parquet dans un communiqué.

Comptant parmi les premiers producteurs mondiaux de nickel et de palladium, Norilsk Nickel n'en est pas à son premier accident écologique. En 2016 déjà, une de ses usines avait déversé par accident des produits chimiques dans une rivière du Grand Nord, la teintant déjà de rouge.

Les Éclaireuses

 

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