Est-ce que protéger le pouvoir d'achat des Français justifie de mettre toute une filière à l'agonie ? Il y a deux jours, Michel-Edouard Leclerc annonçait que sa baguette vendue en grande surface ne dépasserait pas les 30 centimes. Une aubaine pour 95% des Français qui consomment du pain à tous les repas ou presque. En revanche, ça l'est beaucoup moins pour toute la filière céréalière et les boulangers.
Une annonce qui tombe au mauvais moment
Cette annonce a eu l'outrecuidance de tomber au moment où le blé se négocie à son prix le plus haut depuis quelques semaines. Depuis quelques mois, on remarque également une hausse globale des coûts de production dans toute la filière qui suggèrent, au contraire, une hausse nécessaire de quelques centimes de la baguette en fin de chaîne de production. En 2020, une baguette coûtait en moyenne 88 centimes en boulangerie, soit un prix qui a augmenté de 5 centimes en 10 ans.
Cette annonce a provoqué l'indignation de nombreux acteurs du secteur, mais également la colère des syndicats agricoles qui crient à la trahison de la part du grand distributeur.
Combien de boulangers #leclerc va-t-il tuer avec sa #baguette d’appel à 0,29 € ??
— Christiane Lambert (@ChLambert_FNSEA) January 11, 2022
HONTE à lui au moment où les #prix des matières 1ères flambent &où la Loi #Egalim2 impose la répercussion !!
Encore un coup de poignard pour contourner la loi.
Qui va trinquer pour compenser ! ? https://t.co/KcOqKJ9BSt
Une stratégie bien huilée
Pour se défendre, Maichel-Edouard Leclerc clame haut et fort que la stratégie marketing de son entreprise a toujours été de favoriser le pouvoir d'achat des Français. Il s'était même insurgé contre les producteurs de sucre et de farine lors de l'augmentation significative des coûts de matière première en août dernier.
En mettant une baguette de pain à moins de 30 centimes, le distributeur frappe un grand coût psychologique. Car, s'il y a bien quelque chose qui est indissociable des Français, c'est bien la baguette de pain (oui, oui). En rognant les marges sur ce produit de première nécessité, les magasins Leclerc prouvent aux consommateurs qu'ils sont là pour assurer leur consommation, et ce quoi qu'il en coûte, même si cela met un secteur artisanal et les commerces de proximité à l'agonie. Encore une fois, c'est l'éternel combat de David contre Goliat, sauf que cette fois, pas sûr que David ait une fronde assez puissante pour faire tomber l'imposant colosse (surtout dans une période où le pouvoir d'achat des Français est de plus en plus mis à mal).
Les Éclaireuses
