Il est loin le temps où nous entretenions une vie sociale bien remplie, où nous passions nos soirées à nous déhancher sur la piste de danse. L'infusion verveine a remplacé la Margarita du samedi soir. Du repos, on en a eu et plus qu'on ne l'aurait souhaité. Pourtant, alors que cette mise au repos forcé aurait pu avoir un effet bénéfique sur notre santé et nous permettre d'éponger notre dette de sommeil, le constat est sans appel : nous sommes épuisés.

La fatigue, premier niveau de la dépression

Vous êtes fatigué depuis plus d'un an ? Rassurez-vous, vous n'êtes pas seul dans cette situation. Selon une enquête de l'Institut national du sommeil et de la vigilance (INSV), publiée en mars, la qualité de nos nuits a régressé depuis un an, provoquant des troubles du sommeil chez 45% des Français lors du second confinement.

"Cette fatigue affecte notre civilisation au niveau mondial", explique Sylvie Royant-Parola, psychiatre et présidente du Réseau Morphée, à Madame Figaro. Cette pandémie entretient un contexte "aussi perturbant et anxiogène que celui vécu dans une moindre mesure lors d’une guerre". Elle ajoute que dans le cas d'une épidémie, l'individu ne perçoit "pas de logique ni de vision d’ensemble et surtout pas encore de fin à la situation". L'individu ressent le danger, mais ne parvient pas à trouver de moyen pour lutter contre. La psychiatre explique que cela "est typique du modèle expérimental de la dépression, où la fatigue correspond au premier niveau".

Une fatigue psychologique

Être fatigué de ne rien faire, comment est-ce possible ? Si la fatigue est avant tout un état physique, elle prend aujourd'hui de plus en plus un versant psychologique. "Il y a une charge mentale qui s’accroît, dont on parle et que l’on ressent", explique Georges Vigarello, historien spécialiste des représentations du corps. "Les restrictions sanitaires viennent s’ajouter, provoquant ce qu’on pourrait appeler un 'syndrome de l’empêchement'. Nous voilà limités dans nos relations aux autres, notre temps et notre espace, soit tout ce qui construit notre existence humaine". Le fait d'être soumis à des contraintes limitant nos interactions, nos mouvements, restreignant notre liberté finalement "entraîne une pénibilité intérieure, un malaise, une sensation d’insurmontable et, disons le mot, une fatigue".

Ajoutons à cela que cette situation de restriction et de frustration dure depuis plus d'un an maintenant, et vous comprendrez d'où vous vient cette fatigue.

Les Éclaireuses

 

 

 

 

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