Les Anglais arrivent, les ragnagnas sont là, l'armée rouge a débarqué...

Nos règles accumulent des surnoms loin d'être mignons pour éviter de froisser les oreilles les plus sensibles. Ce sujet devrait être privé, et hors de question que ces messieurs en entendent parler. Non, mais sérieux ? 

2019 et les règles sont encore taboues, personne n'a envie de savoir ce qui se passe dans notre corps chaque mois et encore moins de voir des lèvres chanter à la gloire de la menstruation

Résultat, en 2019, on ne parle pas de règles et on ignore encore que des jeunes filles ou des femmes n'ont pas accès à des protections hygiéniques ou ne sont tout simplement pas au courant de ce qui se passe dans leur corps chaque mois. 

Le bilan en 2019, c'est que des femmes, partout dans le monde, ne vont plus travailler, ne vont pas à l'école, loupent certains cours ou ne sortent pas de chez elles, car leurs règles les handicapent. La pauvreté menstruelle vous connaissez ? 

En France, elles sont 130 000 à manquer l'école chaque année, car elles n'ont pas les moyens de s'acheter des protections hygiéniques... 

C'est un sujet dont on ne parle pas assez, mais heureusement, on a rencontré une femme inspirante prête à mettre en lumière cette précarité menstruelle qui ne devrait pas exister. 

Elle s'appelle Maria Molland et elle est la CEO de la marque de culottes menstruelles Thinx. Elle milite aux côtés de l'organisation américaine PERIOD pour informer et éduquer les femmes et les hommes sur les règles pour enfin éradiquer la précarité menstruelle. 

Sans plus attendre, parlons de règles ! 

Enjoy,

Les Éclaireuses

 

1 - Thinx, l'histoire d'une marque engagée
 
 
 
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Bien plus qu'une marque de sous-vêtements, Thinx est avant tout une marque haute en couleur de produits menstruels qui retire le voile qui rendait les règles tabou jusqu'ici. Elle célèbre tous les corps, tous les flux, bref toutes les femmes et ce qui les accompagne tout au long de leur quotidien féminin. 

Leurs culottes servent d'alternative aux tampons, serviettes ou cups et sont vite devenues indispensables au bien-être de notre planète. Car oui, les culottes de Thinx sont scrupuleusement pensées pour permettre aux femmes de ne plus se soucier de leurs règles, mais surtout pour avoir un impact minime sur l'écologie. 

Si Thinx est devenu une marque inspirante et ce n'est pas seulement grâce à ses photos de femmes dansant en sous-vêtements en cette période du mois où certains préféreraient nous voir cacher au fin fond d'une grotte mal éclairée. Depuis sa création, la marque milite pour lutter contre la précarité menstruelle et s'est donné comme mission d'éduquer les filles, les jeunes femmes, les femmes, les garçons, les jeunes hommes et les hommes autour des règles. 

Thinx enchaîne les campagnes dans le métro, quitte à être censurée parce qu'une pêche est bien trop olé olé pour être affichée dans des couloirs souvent bondés. En s'associant avec des organisations comme PERIOD aux États-Unis, la marque enchaîne les actions dans les écoles et universités pour briser le tabou et permettre que chaque femme ait accès à de simples produits menstruels peu coûteux, mais qui pourraient leur changer la vie. Et à ça, on dit OUI !

 

2 - Les règles, pourquoi autant de tabous pour rien ? 
 
 
 
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Les femmes ont leur règle 12 fois par an, 2 280 jours dans leur vie. Oui, c'est une sacrée longue période... Et si on devrait y être habituée, ne pas s'en soucier et faire comme si de rien n'était, les règles restent un calvaire pour de nombreuses femmes du monde entier. 

En Inde, dès le moment où les jeunes filles ont leurs premières règles, elles ne sont plus vues de la même manière. L'entrée dans des temples sacrés est interdite en cette période du mois, considérée comme impure, l'entrée dans les cuisines est mal perçue et autant dire que les femmes sont considérées comme intouchables et inapprochables, comme le raconte Anisha Bhavnani dans son article pour CNN

En réalité, si les règles sont naturelles, elles ne sont clairement pas le sujet dont on préfère parler. Pourquoi ? Tout simplement parce que, selon Maria Molland, elles ont pendant longtemps été cachées et qu'elles ne concernent que la moitié de la population mondiale. Mais aujourd'hui, tout ça peut changer, il suffit d'en parler avec plus de liberté. 

 

3 - Combien nous coûtent nos règles ? 
 
 
 
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Cookies, tea, ibuprofen, tunes, a good book.... @tiffanyima has our Sunday night + period totally covered. ??????

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Parlons chiffre, parlons bien.

En France, on ignore le véritable coût des règles sur la vie d'une femme. Les Anglais estimaient le coût des protections périodiques à 1 730 euros en moyenne dans la vie d'une femme en 2017, mais en 2015, ce coût était estimé à 21 500 euros, en incluant les protections, les sous-vêtements, les antidouleurs et les autres dépenses de confort. C'est une somme relativement importante qui n'est pas accessible à toutes...

En fait, si on y réfléchit bien, les dépenses en produits hygiéniques s'élèvent à environ 10 euros par mois. Ce montant peut paraître dérisoire pour certains, mais pensons à ces personnes qui sont dans le besoin. Entre les femmes sans domicile fixe, les étudiantes vivant sous le seuil de pauvreté (elles étaient 270 000 en 2015) et les femmes dans des situations précaires dont les dépenses s'accumulent... Les règles coûtent chères.

Ainsi; face à des prix trop élevés, certaines femmes redoublent d'efforts pour trouver une alternative à ces tampons, serviettes ou cups, quitte à mettre leur santé en danger... Mais tout ça doit stopper, car la précarité menstruelle est bien plus qu'un problème économique ou social lorsqu'elle s'attaque à la santé de chacune. 

 

4 - La précarité menstruelle, comment s'en débarrasser ? 
 
 
 
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Pour Thinx, il est clair qu'en éduquant chacun et chacune, la précarité menstruelle pourrait être éradiquée. La marque multiplie les actions dans les écoles, lycées et universités pour distribuer des protections et pour parler des règles aux plus jeunes. Oui, même aux garçons, car si ces derniers sont correctement informés, on éviterait les moqueries faites aux filles, mais surtout celles-ci seraient libres de demander des protections ou tout simplement d'en parler. 

Si tout commence par l'éducation, on vous rassure, le gouvernement ne reste pas les bras croisés face à cette problématique. En 2018, la Mutuelle des étudiants avait annoncé qu'elle assurerait le remboursement des protections périodiques à hauteur de 20 à 25 euros par an sur présentation d'un ticket de caisse. Okay, ce n'est pas tout à fait ça...

Mais en mai 2019, le gouvernement a défini une stratégie de lutte contre la précarité menstruelle, qui commencerait par distribuer gratuitement des protections dans les écoles, les hôpitaux et les prisons. C'est un bon début, déjà testé à l'Université de Lille, qui pourrait mettre fin à ce problème à l'échelle nationale. 

Le mouvement est certes en marche, mais à l'échelle mondiale, que se passe-t-il ? 1,5 million de femmes sont touchées par ce problème à la fois économique, sanitaire et social. Et si des collectes sont organisées dans certaines villes pour permettre à des pays sous-développés d'avoir accès à ces produits de nécessité, ça ne suffit malheureusement pas... Alors, au fond, la gratuité et l'accès simplifié à des produits périodiques ne serait-il pas trop demandé ?