En 2022, 62% des Français estiment qu'il est temps d'actualiser la notion de romantisme. Ce chiffre est tiré d'une vaste étude menée par Bumble, une application de rencontre qui donne un rôle central aux femmes dans l'amorce d'une conversation. Si la question peut paraître légère, elle est pourtant intrinsèquement liée aux mutations de notre société. Parce qu'il est évident que dans un monde où a eu lieu des mouvements comme #MeToo ou #BalanceTonPorc, la question du romantisme, mais surtout de la construction d'une relation entre deux personnes (ou plus), est en train de devenir centrale.
S'il est vrai que nous avons toutes et tous rêvé devant les contes de fées, que reste-t-il du chevalier sur son fougueux destrier ? Dans un monde où les femmes ont pris en main leur sexualité (merci la libération de la parole) et où elles en ont parfois marre d'être passives dans la construction d'une relation, comment peut-on composer entre les anciens et les nouveaux dogmes ? Se pose également la question de la culpabilité.
Les mouvements féministes se faisant de plus en plus présent, nous avons conscience aujourd'hui de l'anormalité de certains comportements, pourtant, nombreux sont celles et ceux à fondre lorsqu'on leur tient la porte, leur ouvre la portière de la voiture ou lorsqu'on leur offre un bouquet de fleurs. Des réflexes hérités de la galanterie d'un autre temps donc, mais qui continuent à faire chavirer les cœurs.
Dans ce large melting pot de courants de pensée, tiraillés entre l'ancien et le nouveau, la tradition et la modernité, où se place le nouveau romantisme et, surtout, comment est-ce qu'il s'installe, petit à petit, dans notre quotidien ?
79% des Français s'accordent à dire que le romantisme est essentiel dès qu'il est question d'amour
Le romantisme n'est pas mort (et heureusement), nombreuses sont les personnes à encore croire au pouvoir des petites attentions et autres symboles de l'amour avec un grand A. En France, une large majorité estime être romantique, c'est le cas pour 63% des hommes et 70% des femmes. Une large portion donc, mais qui peine à se faire entendre... La preuve étant que l'on relève toujours les petits gestes d'amour et autres attentions comme s'ils étaient exceptionnels alors que, vu la proportion des sondés, ils devraient être la norme...
Ce qu'il faut réellement questionner, c'est notre prisme personnel qui définit le romantisme : il nous est propre et nous n'accordons pas tous la même importance aux mêmes attentions et c'est en ça que la définition unique d'une forme de romantisme est ardue.
Il y a autant de romantisme que de romantiques et la conception de ce dernier varie en fonction des expériences et des référentiels de chacun. En somme, le romantisme, c'est une série de codes auxquels on s'identifie et c'est en ça qu'il est variable et polymorphe.
Ce qui est rassurant, c'est que selon l'étude YouGov pour Bumble, les Français continuent à croire et à chérir le romantisme, et ce, quelle qu'en soit la forme.
Faire le distinguo entre le romantisme traditionnel et le romantisme moderne
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Dans la perception du romantisme, deux figures s'affrontent (parfois frontalement), entre le romantisme traditionnel et le romantisme moderne, les frictions sont fréquentes, car dans ces deux concepts s'opposent deux perceptions diamétralement différentes du couple et de l'amour. Alors que l'un s'évertue à perpétuer de vieux préceptes (noyés sous des siècles de pression patriarcale), la vision moderne tend à un romantisme plus décomplexé et plus égalitaire.
"Le romantisme devrait être un berceau d'égalité dans le couple et pas un outil d'appropriation de l'autre" - Morgane Otin, @Amour_Solitaires
L'autre donnée rassurante de cette vaste étude, c'est que 53% des Français estiment que leurs références d'enfance en matière de romantisme ne sont plus valables aujourd'hui, le prince charmant a donc bel et bien été relayé au placard et c'est une (très) bonne chose. La raison de ce revirement de situation ? Les prises de paroles successives des féministes qui ont levé le poing et la modification de notre rapport au romantisme : la naissance des mouvances comme la sapiosexualité sont la réponse directe à l'intellectualisation des rapports romantiques et aux nombreuses réflexions construites autour de notre rapport à ce sacro-saint romantisme.
Le romantisme, en 2022, est un romantisme partagé
L'amour est partout, c'est un fait, il est dans nos feeds Instagram, dans nos algorithmes TikTok, dans nos recherches Google... Il est surtout dans notre esprit, nous rêvons tous et toutes au meilleur et à ce que l'on attend d'une relation. Pour 81% des Français, il est essentiel que leur partenaire prenne en compte leurs pensées et leurs besoins. Parce que finalement, c'est surtout ça le romantisme en 2022, c'est être avec quelqu'un qui se soucie de notre bien-être global. Au même titre qu'aujourd'hui on est tourné dans le 'care' pour soi-même, ce principe se transpose aux relations amoureuses, effaçant au passage les éventuels rapports de force qu'il pouvait y avoir dans les relations.
En réfléchissant un peu à la question, on se rend finalement rapidement compte que le romantisme peut aujourd'hui se cacher partout et pas seulement derrière un outrageux bouquet de pivoines. On peut être romantique avec soi-même comme on peut l'être avec ses amis et ses amants parce que ce qu'il faut comprendre, c'est qu'en 2022, le romantisme, c'est avant tout l'art de sublimer le banal : une sieste enlacés sur le canapé devant la dernière série Netflix à la mode est tout aussi romantique (si ce n'est plus) qu'un dîner 5 étoiles. On peut également prendre l'exemple de la cuisine : à l'heure du Deliveroo et du UberEats à foison, cuisiner pour son target ou sa moitié est presque devenu aussi intime que la relation sexuelle elle-même.
Finalement, en 2022, il est difficile de définir le romantisme et de le cantonner à un seul exemple ou schéma tant il est protéiforme et variable en fonction des individus... Et c'est peut-être ça qui le rend encore plus beau et plus pur.
Enjoy,
Les Éclaireuses
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