"Papa, je peux aller à la boum de Léa samedi soir ?"
La peur du refus se fait ressentir dans notre corps tout entier lorsque l'on croise le regard étonné de notre père. Ne sachant pas quoi répondre à la question, ce dernier préfère changer radicalement de sujet. Mettre la table, savoir si notre contrôle de maths s'est bien passé... Tout, sauf ces sujets dits "de filles" que notre père appréhende totalement d'évoquer. Et nous aussi, par la même occasion.
En effet, parler de nos premières règles, du nouveau au collège pour qui l'on craque complètement ou encore de l'achat de notre tout premier soutien-gorge relève de l'impossible avec notre papa chéri. C'est presque devenu des sujets tabous que l'on préfère aborder avec notre mère. Sauf que voilà, si l'on se retrouve dans la même situation que Marie-Luce dans le dernier film de Victoria Bedos "La plus belle pour aller danser", dont la maman est décédée alors qu'elle n'avait que quatre ans, vers qui pouvons-nous nous tourner pour parler de ces problèmes ?
Si, dans le long-métrage, la jeune fille de 14 ans se confie à son meilleur ami de 80 ans, ce n'est pas forcément possible dans la réalité. Du véritable héros à l'enfance à une relation de non-dits à l'adolescence, comment expliquer la relation père-fille qui rythme notre quotidien ?
Nous avons eu la chance d'interviewer l'ensemble du casting de "La plus belle pour aller danser" : Philippe Katerine, Brune Moulin, Loup Pinard et Victoria Bedos. Ces derniers reviennent sur ce sujet principal mis en lumière dans le film, tout en faisant un parallèle avec leur vie personnelle.
Enjoy,
Les Éclaireuses
La relation père-fille à l'adolescence : quand ces papas ne sont plus des héros...
La plus belle pour aller danserPendant l'enfance, il était celui avec qui on voulait se marier, celui qui combattait les monstres de la nuit et même, celui prêt à se déguiser en princesse juste pour nous faire plaisir. Seulement voilà, quand la période difficile de l'adolescence entre dans l'équation, les choses se compliquent et le lien devient plus tendu. L'heure de la distance sonne et il n'est plus question de nous appeler "ma chérie", comme c'était le cas par le passé. Par pudeur, nous avons pour habitude de mettre une certaine distance avec notre père. C'est alors que notre papa adoré perd ce titre de héros qui nous faisait tant rêver durant l'enfance... Sa place est remplacée par des chanteurs, des stars de cinéma ou des garçons de notre entourage.
Cette situation est parfaitement illustrée dans le film "La plus belle pour aller danser", et très bien exprimée par l'ensemble du casting lors d'une interview qu'ils nous ont accordée. En effet, tout comme la plupart des adolescentes, la place du papa est remise en question dans le long-métrage. Il n'est plus celui vers qui l'on se tourne dès qu'un problème se présente. Nous voulons garder notre jardin secret, propos soulignés par le jeune duo formé par Brune Moulin et Loup Pinard.
Réalisatrice du long-métrage, Victoria Bedos met en lumière la maladresse paternelle du personnage, incarné par Philippe Katerine, à l'égard de sa fille : "Il se retrouve alors dépourvu et terrorisé par ce que vit sa fille. Il ne sait pas s'il va pouvoir le gérer, ou s'il est à la hauteur".
Parler de son premier amour avec son papa !
La plus belle pour aller danser"Ce n'est jamais évident de parler d'un premier amour à son papa". Tels sont les mots de Victoria Bedos, lors de l'interview accordée. Pour elle, il était essentiel de parler de ce sujet dans un film : "Dans ma vie, ce fut quelque chose d'important. Ma relation avec mon père était très forte. Il était un papa absolu, très présent. Parfois trop. Il était à la fois merveilleux dans son amour et étouffant aussi. Avec bien sûr cette difficulté, que je raconte dans le film, de pouvoir partager certaines choses notamment à l'adolescence". Victoria Bedos évoquait alors ces sujets dits tabous avec sa maman.
En effet, comme la réalisatrice nous l'a expliqué : "Dans l'équilibre parental, quand l'un ne parvient pas à parler d'un sujet, le second prend le relais. La tâche devient donc plus compliquée lorsque le papa se retrouve tout seul".
Alors, pour illustrer cela, elle a fait le choix de retirer la place de la mère dans "La plus belle pour aller danser" pour laisser le papa face aux problèmes "de filles" que vit Marie-Luce ; et ainsi mettre en lumière la complexité de la relation père-fille à l'adolescence. Car oui, dire à notre papa adoré que l'on crushe complètement pour le nouveau du collège est quelque peu délicat. Alors qu'il était celui avec qui on voulait se marier étant petite, notre père n'est désormais plus l'unique homme de notre vie.
Lors de l'interview accordée par Brune Moulin, qui interprète avec brio la jeune Marie-Luce, elle est revenue sur sa relation avec ses parents : "J'ai la même relation avec les deux. Il n'y a pas de choses que je dis à ma mère que je ne dis pas à mon père". Mais elle n'a pas manqué d'affirmer qu'elle se tournerait instinctivement en premier vers sa mère... On voit donc ici que la majorité des filles entretiennent une relation plus fusionnelle avec leur mère, notamment à l'adolescence. Il y a ce "on se comprend" qui ne cesse de rythmer ce rapport.
La clé d'une bonne relation entre un père et sa fille : la communication
La plus belle pour aller danserAlors que la communication est l'essence même dans un couple, il en est de même pour la relation entre un père et une fille. En effet, l'adolescence est une période compliquée, notamment chez les filles. Il est donc important que les deux soient à l'écoute - aussi bien le parent que l'enfant - pour entretenir une bonne relation.
Avec "La plus belle pour aller danser", l'ensemble du casting espère qu'une fois sortis de la salle de cinéma, les spectateurs feront le lien entre leur vie et le film qu'ils viennent de regarder : "Vu la situation de Marie-Luce, il faudrait que je m'exprime sur certains sujets et que je me délivre de tout ce que j'ai à l'intérieur. Car ce qui regroupe les gens, c'est avant tout la communication". Au cours de l'entretien avec Brune Moulin et Loup Pinard, ce dernier est revenu sur ce point en soulignant : "Avec cette relation père-fille, c'est la communication qui est mise en avant entre deux mondes totalement différents et deux générations qui ne se comprennent pas forcément. Et là, dans le long-métrage de Victoria Bedos, il y a même trois générations, c'est ce qui fait la complexité du film, mais également sa richesse".
Alors, pour mieux comprendre la relation père-fille et s'en inspirer, on fonce direction les salles de cinéma afin de visionner sans plus attendre "La plus belle pour aller danser".
