Dans le café, pour son bol de céréales du petit-déjeuner, en yaourt ou en fromage, le lait tient une place considérable dans notre alimentation. Vanté pour sa concentration en calcium et en vitamines, sa consommation est encouragée dès le plus jeune âge et tout au long de notre vie.

Si les États-Unis sont les plus gros consommateurs de cette boisson (on a tous en tête l'image de l'énorme bidon de lait dans les séries et films américains), la France n'est pas en reste. Le pays du fromage fait aussi partie des plus gros consommateurs et est d'ailleurs le deuxième plus gros producteur d'Europe (derrière l'Allemagne).

Mais le lait, devenu surabondant, a vu dans le même temps son image saine et inoffensive altérée, et a même fini par faire peur aux consommateurs. Depuis une quinzaine d'années, la consommation de lait, notamment chez les adultes, est controversée et suscite de vifs débats. Le discours "anti" est apparu, s'accompagnant d'un recul de la consommation de lait, en France ainsi que dans les autres pays consommateurs. Pour des questions éthiques (traitement des animaux), mais aussi de santé et de préoccupation par rapport à ce qui se trouve dans nos assiettes.

Pourquoi la consommation d'un aliment est-elle si controversée ? Selon les "anti-lait", les vertus que l'on vante à ce produit ne sont pas si avérées. Pire encore, le lait serait le facteur de maladies et de nombreux méfaits pour la santé. Ses détracteurs l'accusent de favoriser le cancer de la prostate ou des ovaires notamment.

Dans notre culture, les produits laitiers sont présents sous diverses formes, seul ou dans des plats, favorisant une consommation excessive, sans même que l'on en ait conscience. Notre corps a-t-il besoin de consommer autant de produits laitiers ?

Pour être saine, une alimentation doit avant tout être équilibrée. Un aliment, bien qu'il ne soit pas "sain" pour la santé, ne présente pas de danger tant que sa consommation est raisonnée.

Toutefois, voici les raisons qui peuvent nous pousser à nous poser des questions sur notre consommation de lait.

Enjoy,

Les Éclaireuses 

 

1. 'Boire du lait est vital', une légende urbaine imposée par l'industrie laitière

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"Les produits laitiers sont nos amis pour la vie". Si vous avez lu cette phrase en chantant, alors vous faites probablement partie de la génération des plus de 20 ans. Tellement ancré dans nos esprits, ce slogan a pourtant été inventé par la collective des produits laitiers elle-même en 1981. Puis, en est apparu un autre "Mange au moins trois produits laitiers par jour", toujours pour nous inciter à la consommation de laitage.

Difficile de ne pas voir une forme de propagande en faveur du lait, menée par la CNIEL (Centre National Interprofessionnel de l'Économie Laitière), surtout lorsque l'on sait que l'industrie laitière représente 39 milliards d’euros de chiffre d’affaires en 2020. Un mastodonte de l'économie française donc.

Depuis notre plus tendre enfance, nos parents nous répètent que pour avoir des os solides, il faut du calcium, que l’on trouve dans le lait. Véritablement, il est présenté comme un élixir de croissance, un indispensable pour être en bonne santé. Curieux lorsque l'on sait que de nombreuses populations n'en consomment pas (en Asie notamment) et vivent en bonne santé. L'espérance de vie au Japon est de 88,1 ans pour les femmes et 81,9 pour les hommes, contre 85,7 ans et 79,9 ans en France.

Il faut préciser que le lait n'a pas toujours eu ce rôle d'élixir miracle qu'on lui prête aujourd'hui. L'origine remonte à 1954, lorsque Pierre Mendès France, alors président du Conseil, instaure le verre de lait quotidien pour les écoliers. La mesure est destinée à lutter contre la dénutrition (c’est encore la période d’après-guerre) et... l’alcoolisme ! Aussi surprenant que cela puisse paraître, il est encore courant, à cette époque, de donner bière ou vin aux enfants. Le slogan de Mendès France est alors : « Pour être studieux, solides, forts et vigoureux, buvez du lait ! ». Dans la lignée de la politique mise en œuvre par Mendès-France, l’Union européenne commence à subventionner la distribution de lait dans les écoles en 1976.
 

2. Il contient des produits néfastes

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Le lait d'aujourd'hui n'est pas semblable au lait d'antan. En effet, le taux d’antibiotiques présents dans le lait est cent fois plus élevé qu'il y a vingt-cinq ans. Les autorités sanitaires ont élevé les normes autorisées.

Lorsque l'on boit du lait ou que l'on consomme des produits qui en contiennent, on ingère des antibiotiques qui endommagent la flore intestinale et qui affaiblissent le système immunitaire.

Mais ce n'est pas tout, il contient également des pesticides (cinq fois plus que les végétaux), des métaux lourds, mais également des hormones de croissance liées aux pratiques des producteurs afin d’augmenter leurs rendements. Ces hormones sont susceptibles d'interférer avec le fonctionnement de nos propres hormones, produites par notre corps. 

On peut aussi y trouver des acides gras trans (hydrogénation des acides gras insaturés). Ces derniers seraient néfastes et notamment associés à une augmentation du risque de cancer du sein, de maladie coronarienne, sans oublier des effets pro-inflammatoires !
 

3. Il est indigeste et provoque des inconforts gastriques et intestinaux

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Apparues comme une mode il y a quelques années, les intolérances alimentaires sont pourtant un problème bien réel. À côté du gluten, le lait est accusé de provoquer des "intolérances", se traduisant par des troubles digestifs, des gaz, des ballonnements, un inconfort intestinal... En réalité, le coupable de ces désagréments n'est pas le lait, mais le lactose, soit le sucre naturel qui le compose.   

Cela semble toute somme logique. Si l'on réfléchit objectivement, selon un aspect purement physiologique, le lait est produit par la vache pour répondre aux besoins du veau, son petit. Or les veaux n'ont pas les mêmes besoins que les humains. Le lactose n’est pas adapté à notre organisme, ce qui rend la boisson indigeste. En effet, pour être digéré, le lactose nécessite une enzyme, la lactase. Si la lactase est produite en quantité insuffisante, le lactose n’est pas complètement digéré et parvient dans le colon (gros intestin) où il est fermenté par des bactéries. Ce processus provoque la production de gaz dans le gros intestin. Il en découle une accélération du transit intestinal avec diarrhées, gaz et douleurs.
C'est après le sevrage maternel, ou l'arrêt du biberon, que l'activité de la lactase diminue progressivement. Et ce, dans des proportions très variables selon les individus. Certains adultes conservent une activité lactasique proche de celle d'un nourrisson et d'autres ont un taux de lactase qui diminue beaucoup avec l’âge. 

Outre le lactose, le lait contient une grande quantité de graisses saturées. On trouve autant de graisses saturées dans un verre de lait que dans trois tranches de lard. On comprend de suite qu'il puisse être difficile à digérer.

En France, 30 à 50% des adultes ont une digestion incomplète du lactose, soit presque un adulte sur deux

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4. Il augmente le mauvais cholestérol

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C'est un fait, le lait favorise le "mauvais" cholestérol, un lipide produit par notre organisme (autrement dit une matière grasse). Si l'organisme produit près de 75 % du cholestérol, le reste provient de l'alimentation. On le retrouve dans les produits d'origine animale comme la viande, mais aussi les laitages.

Or, le cholestérol en excès se dépose sur les parois des artères, notamment celles du cœur (artères coronaires). Des plaques graisseuses se forment alors, et s'épaississent au fil des ans. Elles réduisent le calibre des artères et rendent ainsi le passage du sang de plus en plus difficile, augmentant le risque de formation de caillots (thrombose).
 

5. Il favoriserait l’ostéoporose

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L'ostéoporose est une maladie osseuse qui rend l'os plus fragile, moins résistant et, par conséquent, augmente le risque de fracture. Malgré les vertus d'élixir magique qu'on lui prête pour rendre nos os solides comme un roc, le lait produirait l’effet inverse.
En dépit de la présence de calcium, la structure du lait de vache a des effets acidifiants et désalcalinisants sur le pH du corps humain. Cette acidité va engendrer une décalcification des os et donc bien souvent des blessures. Plus on consomme de lait, plus on augmenterait le risque de souffrir de l'ostéoporose.

6. Le lait n'est pas la seule source de calcium

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Dans la pensée collective, les bienfaits du lait se résument à un fort apport en calcium. Connu pour son rôle dans la minéralisation osseuse, le calcium est important pour le système nerveux ou la coagulation sanguine. Ainsi, nous devons assurer chaque jour un bon apport calcique via l'alimentation. 

Cependant, si le lait fournit indéniablement un apport de ce minéral, il n’est pas la seule source de calcium disponible, ni même la meilleure. Des légumes tels que le chou, les épinards ou les haricots sont riches en calcium, mais aussi le poisson tel que la sardine, ou encore des oléagineux comme les amandes.

Finalement, on se rend compte que notre alimentation change. Alors que la viande était considérée comme une source de protéines à ne pas négliger, on s'aperçoit peu à peu que son élimination de notre alimentation est sans danger pour notre santé, du moment que d'autres aliments compensent les apports.