Rencontrer ses beaux-parents est l'étape obligatoire pour un couple, pour les doudouphiles cette rencontre s'établie entre entre le petit-ami et... un doudou (oui, vous avez bien lu). 

Pour certaines personnes, cet objet d'enfance est bien plus qu'une simple peluche : "C'est un objet transitionnel. C'est un objet rassurant, pour les moments où les enfants se sentent moins en sécurité, par exemple à la crèche, quand les parents ne sont pas là, ils le suçotent, le caressent, ça apaise l'inquiétude, c'est comme la continuité de papa et maman. Normalement, c'est seulement quand on est petit et qu'on doit gérer l'affect avec un objet extérieur. Peut-être ces adultes ont-ils besoin d'être rassurés." 

Enjoy, 

Les Éclaireuses 

 

1 - "Peut-être ces adultes ont-ils besoin d'être rassurés"

Comme la tétine, le doudou enlevé à l'enfant quand celui-ci est encore petit marque le passage de l'enfance à l'âge adulte, c'est ce qu'explique la psychologue-psychothérapeute, Lorie Bellanger qui place son analyse en prenant en considération l'expérience vécue par Marine, 27 ans. 

Cette jeune professeure ne se sépare jamais de son panda tout troué et vieilli de 40 centimètres : "Si ma maison brûlait, je sais très bien que c'est mon doudou que je sauverais en premier, avant mon téléphone" ; "Je dors avec tous les soirs, mais je ne l'amène jamais en vacances avec moi, j'aurais trop peur de le perdre, donc j'évite de le faire voyager. Je ne le prends que quand je vais chez mes parents pour le laver." 

De nature stressée, Marine à su trouver auprès de cette peluche, le réconfort qui lui manquait. Ce sentiment d'insécurité se fait généralement ressentir au moment du coucher : "On lâche prise, on ressasse sa journée, on ne contrôle pas ses émotions, il faut donc se sentir en sécurité. La nuit, on régresse, on dort comme des bébés recroquevillés, on se laisse totalement aller. Certains adultes ont besoin de cet objet pour se rassurer car ils n'arrivent pas à le faire tout seul" explique Lorie Bellanger. 

Dans le même cas, Alice qui n'a arrêté de dormir avec son doudou nommait Moutmout qu'à l'âge de 20 ans. "J'habitais avec mon copain, le doudou dormait avec nous dans le lit, et un jour, gentiment, il m'a dit : "tu n'es plus un bébé, c'est ridicule, ça me met mal à l'aise" nous raconte t-elle en poursuivant : "Quand on couchait ensemble, parfois le doudou était dans le lit, il le prenait et le jetait."

À la manière d'une passation, Alice l'a par la suite offert à sa fille à sa naissance. 

Pour d'autres, le doudou prend l'allure d'un véritable compagnon de voyage. Journaliste, Camille ne se sépare jamais de son doudou chat Minou : "Quand j'étais ado, je suis allée en colo et j'ai oublié mon doudou là-bas. Mon père a dû faire deux heures de voiture pour le récupérer. Une autre fois, on me l'a envoyé par colis." 

Le perdre, une idée impensable même pour Greg âgé de 28 ans : "Je ne le mets jamais en soute, si on perdait ma valise, je ne m'en remettrais pas. C'est étrange, j'y suis attaché comme si c'était une vraie personne" en parlant de sa peluche Flèche. 

De manière générale, l'objet apparaît comme indispensable : pour Laurent il s'agit principalement du toucher "S'il n'est pas là, je ne dors pas. Je peux rater un train ou un avion pour aller le chercher si je l'ai oublié. Une fois, il m'a rejoint en Thaïlande par FedEx !" ; pour Sophie tout passe par l'odorat. "Je trouve autre chose à sentir, comme la manche d'un pull ou un tissu très fluide" nous raconte t-elle. 

2 - "Mon lit est vide sans mes doudous" 

À la fois au singulier et au pluriel, ces derniers se déclinent sous toutes les formes. Certains s'avère devenir au fur et à mesure des années, de véritable collection : "Il était blanc et rose à l'origine, aujourd'hui il est noir. Je l'ai rangé dans une boîte, précieusement, il est trop sale, plain de microbes. Depuis, je me suis créé de nouveaux doudous, j'ai commencé il y a environ vingt ans, quand j'ai quitté la maison familiale. Ce sont des vieilles chemises de nuit, ou la housse de couette de mon fils" nous explique Sarah, 39 ans. 

Pour la psychologue-psychothérapeute, cet engouement pour ces peluches "c'est de l'autostimulation, cela stimule l'apaisement en eux." Ayant pris une place importante dans leur vie, le doudou est pour certains considérer comme une personne : "Je ne saurais pas expliquer mais c'est comme un animal de compagnie ou un membre de la famille, c'est rassurant de l'avoir et hyper relaxant" nous décrit Greg. 

Pour d'autres, il représente un manque à combler. Laurent en parle sans pudeur : "C'est le seul objet qui me ramène à l'époque où j'ai coupé les ponts avec ma famille, j'ai quitté la maison à l'âge de 16 ans."

3 - "Ça comble sûrement un vide, je sais que je devrais arrêter"

Comme une addiction, la relation qui s'est établie entre l'Homme et le doudou ne doit pas être détruite, c'est ce qu'affirme Lorie Bellanger : "Il ne faut pas les forcer à arrêter. Ils lâcheront leur doudou quand il se sentiront prêts."

Cette représentation de l'enfance par le biais de l'objet qu'est le doudou serait peut-être la marque d'un lien maternel finalement qui entrerait dans la continuité d'une vie d'adulte : "Certains fument un joint pour s'endormir, moi j'ai mes doudous. je ne fais de mal à personne, je suis équilibrée, je suis mère de famille, je mène une vie de femme normale. Pourquoi j'arrêterais ?"

Et vous, que répondriez-vous à cette question ?

 

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